Oh ! Tess a tout pris !
Quelques années avant de découvrir les affres de l’insularité, un sage aurait écrit : « Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air. Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir des talons hauts. Toute ma vie j’ai rêvé de voir le bas d’en haut. Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir les fesses en l’air ». Il s’appelait Jean Baltazar. Elle se serait appelée Marie-Noëlle. Malheureusement, il aimait les filles de chez Castel et les filles qu’on voit dans Elle. Et ce serait pour cette raison ridicule que la philosophie aurait ainsi perdu un de ses meilleurs éléments.
Néanmoins, et c’est heureux, l’Oncle Sam a inventé le système Echelon, et depuis lors, toute déclaration, à défaut de toute pensée, se retrouve désormais consignée devant l’éternité. Et les paroles du sage, qu’on aurait pu croire éphémères et par conséquent perdues, ont pu être préservées de l’usure du temps, être reprises par quelqu’enfant de George Washington, et alimenter la réflexion de toute une nation.
Tels ont été le sort et la vie du sage, pourtant inconscient en la prononçant, que sa parole allait influencer si profondément la pensée et servir de terreau à la floraison d’un art à ce point signifiant.
Et pourtant, quoi de plus éternel que cette histoire d’une jeune fille (Donna Jensen /Gwyneth Paltrow) d’une petite ville, rêvant d’échapper à son destin, et découvrant la voie à la lecture de l’autobiographie d’une hôtesse de l’air de classe internationale (Sally Weston / Candice Bergen) ? Sa voie est dès lors tracée : intégrer à tout prix l’équipe de navigants de la première compagnie qui lui donnera sa chance, et de là poursuivre son ascension foudroyante. Malheureusement, cette ascension vertigineuse est entravée par deux cataclysmes : d’une part, lors d’un test de sélection, une autre candidate (Christine Montgomery / Christina Applegate), se sachant moins qualifiée, échange leurs copies respectives et usurpe la trajectoire de son amie qu’elle laisse végéter dans une compagnie locale, et d’autre part la rencontre de l’amour (Ted Stewart / Mark Ruffalo). Heureusement, la supercherie est découverte, mais qui laisse la récipiendaire vengée devant le choix cornélien entre un envol international et la préservation de son amour. Après une tentative de choix de sa carrière, la lumière éblouit cependant enfin la misère de son cœur. Elle corrige alors l’ordre de ses priorités, acceptant la primauté de l’amour sur toute autre tentation, et regagne le cœur qu’elle avait failli perdre.
Naturellement, la référence à la pensée de Jean Baltazar est finement cryptée, et la belle ne se nomme plus Marie-Noëlle mais Donna Jensen. La manœuvre est habile mais ne pouvait éternellement rester dans l’ombre. D’autant que la sortie prévue du film fin 2001 avait dû être repoussée en 2003 pour cause d’avanies aériennes indépendantes de la volonté de ses auteurs, les obligeant de plus à couper une scène d’entraînement des équipages à la bonne conduite face à un détournement potentiel, et que ce retard et cette oblitération rendaient plus abstrait le lien avec la pensée sauvage de Jean Baltazar. A preuve qu’il aura fallu attendre 2006 pour que par ces lignes soit rétabli le lien indispensable à la compréhension de la profondeur du sujet.
Néanmoins, de quoi d’autre pouvait-il être question ?
« Toute ma vie j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air ». Plus qu’un rêve, une ambition, un choix de vie, un choix éthique, un parcours moral, une quête … Le Seigneur des Anneaux condensé en une simple phrase ! Miracle de la pensée Baltazarienne.
« Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir des talons hauts ». La déclinaison est évidente. Donna nous l’offre à longueur d’histoire, ses uniformes successifs s’accompagnant d’une ascension progressive de la hauteur de ses talons parallèlement à l’ascension sociale et humaine qu’elle accompagne. Allégorie de la marche de l’humanité.
« Toute ma vie j’ai rêvé de voir le bas d’en haut ». Seconde allégorie, sociale et politique. La France d’en Bas ne pouvait s’y tromper, et pourtant c’est l’Oncle Sam qui l’exprime le plus clairement : le titre original est en effet « View from the top ». On ne pouvait être plus clair. La vilenie, la traîtrise de Christine plongent là leurs racines, dans l’illusion et la duperie d’une promotion sociale dont Polanski avait affligé Tess. Mais ici, la duperie échoue et Bruno Barreto, le réalisateur, semble nous rappeler à l’ordre : Oh ! Tess a tout pris !
« Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir les fesses en l’air ». Troisième allégorie. Mouvement du cœur et de l’âme. Allégorie de l’amour avec un grand A qui clôt et conclut la réflexion, qui porte une touche finale à l’œuvre de la pensée et repositionne l’humain au terme de toute velléité sociale. L’amour comme vainqueur de l’âpre bataille qui se joue au plus profond du cœur de Donna.
Malgré la profondeur du sujet, et peut-être à cause d’elle, le ton de la comédie a été ici préféré à celui de la chronique ou de la dissertation philosophique. Sean Penn ou Otto Preminger auraient peut-être opté pour un autre choix. Mais Barreto est un homme du sud, brésilien d’origine, plus imprégné de soleil que des brumes sombres et étouffantes des docks de New York. Et force est de constater que la puissance de la pensée Baltazarienne se développe plus à son aise allégée qu’elle se trouve par l’énergie du sourire qu’elle n’eût pu le faire dans une ambiance lourde à la Dickens ou à la Tennessee Williams.
Et de sourire, il n’en manque pas. L’appel à Mike Myers (John Witney), l’inoubliable interprète d’Austin Powers et de Wayne’s World, est ici significative, campant un sélectionneur d’hôtesses pour le centre de formation de la compagnie sans nul autre pareil.
Dès lors, et c’est la force du film, l’œuvre peut être vue à plusieurs niveaux. Rien n’interdit en effet de se plonger dans le doux ronronnement d’une comédie plaisante et fraîche, animée de bons sentiments et sans y voir plus de malice. Mais rien n’interdit non plus d’y voir matière à une élévation de la pensée comme seul Jean Baltazar a su nous y instruire.
Quelques années avant de découvrir les affres de l’insularité, un sage aurait écrit : « Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air. Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir des talons hauts. Toute ma vie j’ai rêvé de voir le bas d’en haut. Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir les fesses en l’air ». Il s’appelait Jean Baltazar. Elle se serait appelée Marie-Noëlle. Malheureusement, il aimait les filles de chez Castel et les filles qu’on voit dans Elle. Et ce serait pour cette raison ridicule que la philosophie aurait ainsi perdu un de ses meilleurs éléments.
Néanmoins, et c’est heureux, l’Oncle Sam a inventé le système Echelon, et depuis lors, toute déclaration, à défaut de toute pensée, se retrouve désormais consignée devant l’éternité. Et les paroles du sage, qu’on aurait pu croire éphémères et par conséquent perdues, ont pu être préservées de l’usure du temps, être reprises par quelqu’enfant de George Washington, et alimenter la réflexion de toute une nation.
Tels ont été le sort et la vie du sage, pourtant inconscient en la prononçant, que sa parole allait influencer si profondément la pensée et servir de terreau à la floraison d’un art à ce point signifiant.
Et pourtant, quoi de plus éternel que cette histoire d’une jeune fille (Donna Jensen /Gwyneth Paltrow) d’une petite ville, rêvant d’échapper à son destin, et découvrant la voie à la lecture de l’autobiographie d’une hôtesse de l’air de classe internationale (Sally Weston / Candice Bergen) ? Sa voie est dès lors tracée : intégrer à tout prix l’équipe de navigants de la première compagnie qui lui donnera sa chance, et de là poursuivre son ascension foudroyante. Malheureusement, cette ascension vertigineuse est entravée par deux cataclysmes : d’une part, lors d’un test de sélection, une autre candidate (Christine Montgomery / Christina Applegate), se sachant moins qualifiée, échange leurs copies respectives et usurpe la trajectoire de son amie qu’elle laisse végéter dans une compagnie locale, et d’autre part la rencontre de l’amour (Ted Stewart / Mark Ruffalo). Heureusement, la supercherie est découverte, mais qui laisse la récipiendaire vengée devant le choix cornélien entre un envol international et la préservation de son amour. Après une tentative de choix de sa carrière, la lumière éblouit cependant enfin la misère de son cœur. Elle corrige alors l’ordre de ses priorités, acceptant la primauté de l’amour sur toute autre tentation, et regagne le cœur qu’elle avait failli perdre.
Naturellement, la référence à la pensée de Jean Baltazar est finement cryptée, et la belle ne se nomme plus Marie-Noëlle mais Donna Jensen. La manœuvre est habile mais ne pouvait éternellement rester dans l’ombre. D’autant que la sortie prévue du film fin 2001 avait dû être repoussée en 2003 pour cause d’avanies aériennes indépendantes de la volonté de ses auteurs, les obligeant de plus à couper une scène d’entraînement des équipages à la bonne conduite face à un détournement potentiel, et que ce retard et cette oblitération rendaient plus abstrait le lien avec la pensée sauvage de Jean Baltazar. A preuve qu’il aura fallu attendre 2006 pour que par ces lignes soit rétabli le lien indispensable à la compréhension de la profondeur du sujet.
Néanmoins, de quoi d’autre pouvait-il être question ?
« Toute ma vie j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air ». Plus qu’un rêve, une ambition, un choix de vie, un choix éthique, un parcours moral, une quête … Le Seigneur des Anneaux condensé en une simple phrase ! Miracle de la pensée Baltazarienne.
« Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir des talons hauts ». La déclinaison est évidente. Donna nous l’offre à longueur d’histoire, ses uniformes successifs s’accompagnant d’une ascension progressive de la hauteur de ses talons parallèlement à l’ascension sociale et humaine qu’elle accompagne. Allégorie de la marche de l’humanité.
« Toute ma vie j’ai rêvé de voir le bas d’en haut ». Seconde allégorie, sociale et politique. La France d’en Bas ne pouvait s’y tromper, et pourtant c’est l’Oncle Sam qui l’exprime le plus clairement : le titre original est en effet « View from the top ». On ne pouvait être plus clair. La vilenie, la traîtrise de Christine plongent là leurs racines, dans l’illusion et la duperie d’une promotion sociale dont Polanski avait affligé Tess. Mais ici, la duperie échoue et Bruno Barreto, le réalisateur, semble nous rappeler à l’ordre : Oh ! Tess a tout pris !
« Toute ma vie j’ai rêvé d’avoir les fesses en l’air ». Troisième allégorie. Mouvement du cœur et de l’âme. Allégorie de l’amour avec un grand A qui clôt et conclut la réflexion, qui porte une touche finale à l’œuvre de la pensée et repositionne l’humain au terme de toute velléité sociale. L’amour comme vainqueur de l’âpre bataille qui se joue au plus profond du cœur de Donna.
Malgré la profondeur du sujet, et peut-être à cause d’elle, le ton de la comédie a été ici préféré à celui de la chronique ou de la dissertation philosophique. Sean Penn ou Otto Preminger auraient peut-être opté pour un autre choix. Mais Barreto est un homme du sud, brésilien d’origine, plus imprégné de soleil que des brumes sombres et étouffantes des docks de New York. Et force est de constater que la puissance de la pensée Baltazarienne se développe plus à son aise allégée qu’elle se trouve par l’énergie du sourire qu’elle n’eût pu le faire dans une ambiance lourde à la Dickens ou à la Tennessee Williams.
Et de sourire, il n’en manque pas. L’appel à Mike Myers (John Witney), l’inoubliable interprète d’Austin Powers et de Wayne’s World, est ici significative, campant un sélectionneur d’hôtesses pour le centre de formation de la compagnie sans nul autre pareil.
Dès lors, et c’est la force du film, l’œuvre peut être vue à plusieurs niveaux. Rien n’interdit en effet de se plonger dans le doux ronronnement d’une comédie plaisante et fraîche, animée de bons sentiments et sans y voir plus de malice. Mais rien n’interdit non plus d’y voir matière à une élévation de la pensée comme seul Jean Baltazar a su nous y instruire.
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