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5 janvier 2009

Burn after reading

A, B, C, D, ... se fond des noeuds

Tonton Sylvain s'est laissé avoir ! Les Champs-Elysées, un samedi après-midi, un froid de canard malgré un soleil timide, de congés pour les fêtes, une comédie annoncée, des stars américaines au générique, Madame qui tire par la manche ... La totale, quoi. Vous seriez pas tombés, vous ? Prétentieux, va ! Tonton Sylvain, lui, il s'est fait prendre ... mais au moins il avoue, il fait pas le fier à bras, lui. En tout cas, c'est comme ça qu'il s'est retrouvé dans une salle déserte, ou quasiment, devant la livraison du moment des frères Joel et Ethan Coen, « Burn after reading ». En bon français, ça aurait dû donner « A brûler après lecture », ou quelque chose du genre. Pas compliqué comme traduction, pourtant. Mais non, on n'en est plus à l'époque où on traduisait les titres des films. Enfin, on a encore les sous-titres, ... tout n'est pas perdu ... pour le moment.

Affiche France (movieposterdb.com)

Washington, D.C. A est marié avec B. C est marié avec D. C est l'amant de B. A picole et ça finit par se voir alors il perd son job à la CIA et entreprend de rédiger ses mémoires. B n'est pas contente. Elle pense qu'elle va pouvoir divorcer, en tirer quelque pognon, et se mettre officiellement avec C. Mais C, même chroniquement infidèle, tient à D qui part justement en province pour son job à elle.

La secrétaire de l'avocat de B fait de la gym dans la salle de sport de E où travaillent F qui a besoin d'argent pour une bêtise, et G qui est un grand benêt. Elle y oublie le dossier contenant des fichiers sur A. F et G découvrent les fichiers, n'y comprennent rien mais pensent qu'il s'agit de documents secrets qu'ils vont pouvoir monnayer. Et comme C est un Don Juan impénitent, il séduit par hasard F qui ne sait pas qu'il est lié à son affaire. A partir de là, les fils commencent à s'entrecroiser et à faire une série de noeuds : C descend G, D entreprend de divorcer de C, A s'énerve, F tente de traiter avec l'ambassade russe, A descend E qui se mêle à l'histoire pour dépanner F, ... Le tout est suivi de plus ou moins loin par la CIA qui compte les coups sans trop comprendre de quoi il en retourne.

Ah, j'oubliais : A est Osbourne Cox (John Malkovich), B est Katie (Tilda Swinton), C est Harry (George Clooney), D est Sandy (Elizabeth Marvel), E est Ted (Richard Jenkins), F est Linda Litzke (Frances McDormand), G est (Brad Pitt).

C'est clair ? Comment ça, non ? Mais si ! Prenez un papier et un crayon, relisez ça tranquillement, vous verrez, c'est limpide. Ah, je vois ce que vous voulez dire : c'est un peu crypté. Certes, mais avec un code à la portée d'un enfant. Juste pour ne pas qu'on vienne me dire que j'ai dévoilé le scénario et trahi le suspense. Et puis après tout, qu'on crypte une histoire d'espions et de CIA, c'est bien le moins, quand même, non ?

Affiche USA (movieposterdb.com)

Soyons honnêtes, il ne s'agit pas vraiment d'un film d'espionnage. Plutôt d'une histoire de pieds nickelés en marge des milieux du renseignement et de la haute administration de Washington.

Et tout est à l'avenant dans cette affaire. Le scénario, bien sûr. Mais aussi les acteurs qui ne se font pas prier pour donner dans la facétie. La palme à Brad Pitt avec ses mèches blondes, son brushing à la Tony Manero et ses petits pas de danse d'aérobic permanent, les écouteurs de walkman vissés dans les oreilles. George Clooney n'est pas le dernier non plus à faire des pitreries et des mines à la Laurel et Hardy. Frances McDormand a bien compris l'hystérie de son personnage et n'hésite pas à bien le montrer. On a bien un petit doute au départ sur John Malkovich qui semble prendre les choses bien au sérieux. Mais on n'est alors qu'au début du film et on n'a pas encore été plongé dans le grand bain de Guignol. Et dès que la machine est lancée, Malkovich se rattrape, comme pour dire « Je vous ai bien eus ! ». Seul Richard Jenkins tente encore jusqu'au bout de sa prestation de garder un minimum de simplicité. Un peu en forme de contre-point d'un brin de lucidité résiduelle dans le tourbillon environnant.

La réalisation est simple, sans excès de fioriture. On se laisse bien aller à quelques dérapages de graveleux, mais on n'est pas à ça près. Et pour une fois, aucune scène n'est filmée sur la cuvette des toilettes - la mode serait-elle enfin en train de passer ? -. Même une scène de douche de George Clooney n'est prise qu'au micro, porte à peine entrouverte, c'est dire. On n'échappe bien sûr pas à la gerbe d'hémoglobine habituelle de nos jours, mais peut-on encore réellement appeler ça un effet tant on est là dans le vulgus filmus, un genre de passage obligé ? Pour autant, le rythme est tenu, paisible au début, puis s'emballant progressivement à mesure que la situation se corse.

Et voilà le travail pour un film tourné dans le quasi huis-clos de la ville de Washington. On patauge dans un burlesque oscillant entre la blague potache attardée et le tonus de salle de garde. Il y a sûrement des amateurs du genre (encore que le remplissage de la salle pour un film attaquant sa quatrième semaine d'exploitation n'aille pas complètement dans ce sens). Pour les amateurs d'un peu plus de subtilité, Tonton Sylvain se fera une joie leur proposer un large éventail d'objets sinistres ou amusants pour les consoler à l'heure de la prise de conscience qu'ils ont dépassé l'âge de la pitrerie élémentaire. Un petit saut sur la liste de films décortiqués sur des sites comme Cinemaniac.fr convaincra les plus rétifs que tout ne se limite pas à la galéjade de base.

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