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4 janvier 2009

The Spirit

Black Spirit

Sans mettre de fausse coquetterie où elle n'a rien à faire, si quelqu'un a compris quelque chose à cette histoire et veut bien lui faire partager sa découverte, Tonton Sylvain est preneur. Et pourtant, il ne se laisse habituellement pas facilement avoir. Il a de la persévérance, le bougre. Au point de se cacher dans le fond de son fauteuil pour laisser venir la séance suivante et pousser une deuxième tentative de décrypter le scénario. Mais malgré cela, rien à faire. Nom d'un chien, ça va pas être commode de dire quelque chose de ce film de Frank Miller, sorti fin 2008. Tentons tout de même l'expérience, on verra bien. Peut-être qu'en écrivant, l'illumination viendra.

Affiche USA (movieposterdb.com)

Ca se passe dans la ville de Central City. Un policier, Denny Colt (Gabriel Macht), est descendu. Un méchant nommé Octopus (Samuel L. Jackson), et médecin légiste de son état, injecte un produit dans le cadavre avant qu'il soit inhumé. Peu après, le policier revient d'entre les morts et vient proposer ses services à son ancien chef, dans la police, en tant que justicier masqué répondant au surnom de Spirit. Pourquoi ? Parce qu'il se propose d'être « l'Esprit » de la ville. Quelques années plus tard, Octopus reprend du service avec le projet de devenir un dieu, immortel et tout-puissant, et de dominer le monde. Pour cela, il doit non seulement avoir recours à la drogue qu'il a testée sur le policier mort, mais il doit en combiner l'action avec les reste de ce qui se rapproche le plus d'un dieu, en l'occurrence du sang d'Hercule, le demi-dieu grec de l'antiquité, qu'il a pu localiser. Récupérer l'amphore contenant le sang d'Hercule devient son grand objectif sur la route duquel il va se heurter au Spirit.

Dans le camp des méchants, on a aussi Silken Floss (Scarlett Johansson), une assistante froide et machiavélique d'Octopus, une danseuse du ventre de nom de Plaster of Paris, et une petite armée de clones d'un homme de main un peu bas de plafond dont chaque exemplaire est reconnaissable au nom inscrit sur son T-shirt noir : toujours un nom finissant pas « os » (pathos, logos, adios, amigos, ...) (Louis Lombardi). Dans le camp des gentils, avec Spirit bien qu'aisément en conflit avec lui également, on trouve le Lieutenant Dolan (Dan Lauria), son ancien chef, et sa fille (Sarah Paulson) qui se trouve être médecin à l'hôpital du coin, amoureuse de Spirit et toujours prête à le réparer en cas de dégât, une série de policiers plus ou moins identifiables, dont la belle et godiche Morgenstern (Stana Katic). Interviennent également le personnage de la Mort, Lorelei Rox (Jaime King), qui laisser échapper Spirit d'entre ses griffes, et la belle Sand Saref (Eva Mendes), ancienne petite amie de Denny Colt, au rôle changeant dans l'histoire, oscillant entre méchante et gentille. Tout ce petit monde se livre donc une bataille acharnée jusqu'à ce qu'un des deux camps l'emporte ... Remarquez que je ne dis pas lequel, je ne veux surtout pas déflorer le suspense.

Affiche Taiwan (movieposterdb.com)

Voilà pour ce qui est de ce que j'ai compris de l'histoire. C'est un peu vague, je sais, mais c'est le mieux que je puisse faire sans aide extérieure. Après tout, chaque neurone a ses limites. Il ne sert à rien de le nier, et il est bien plus utile de les assumer.

Du coup, ça donne l'occasion de s'occuper un peu de la forme, puisque le fond, s'il existe, se révèle étanche à l'exploration. Et question forme, on est largement servi. Parce que le film est l'adaptation revendiquée de la bande dessinée d'origine. Je dois avouer modestement que je n'en avais jamais entendu parler, mais bon, ce n'est pas une référence. Et en disant « revendiquée », je veux bien dire revendiquée, exposée, proclamée, affichée, ... Les choses ne s'arrêtent évidemment pas au générique abondamment pourvu en dessins façon origine. L'image est travaillée avec des glissements vers des scènes au crayon, voire en noir et blanc, juste soulignées par la note rouge vif de la cravate du Spirit. Le tout dans une ambiance le plus souvent glauque et nocturne à la Batman. Les personnages naviguent sur une vague de burlesque ouvertement exagéré. Il n'est qu'à voir la démarche et les mimiques de Morgenstern, le maquillage à la sous-Joker d'Octopus, les mines et les lunettes en pointes de Silken Floss, pour en être immédiatement convaincu, si même il y avait besoin d'autant d'indices pour parvenir à cette conclusion.

Cette forme là est un choix, pourquoi pas. Mais c'est pourtant bien là la difficulté. Autant on peut adhérer au clin d'oeil renvoyant à la bande dessinée, autant il peut être difficile de rester dans l'ambiance pendant toute la durée du film sans y voir autre chose qu'une plaisanterie. Et ce d'autant plus que la loi du genre semble avoir légèrement été redressée par la dernière version de « Batman, The dark knight » : après avoir vu comment d'un départ comparable il était possible de faire naître au moins des moments d'une autre qualité, on pouvait se dire qu'il serait difficile de revenir en arrière. Eh bien si, et c'est justement l'effet produit : malgré la débauche d'effets spéciaux, malgré la performance technique de coller à la forme dessinée, on ne peut faire disparaître cette sensation pénible, celle d'être revenu en arrière, et pas pour le meilleur.

Perdu dans ce fatras d'une histoire difficile à suivre et d'une forme qui cherche tellement à faire de la bande dessinée qu'elle en oublie de faire du cinéma, il devient bien difficile d'entrer dans le détail des plans et des codes qui sont proposés. Que doit-on faire ainsi de ces allusions religieuses à la judéité de Morgenstern qui arbore une grosse étoile de David en guise de pendentif ? Que doit-on penser de cette scène d'Octopus et Floss en officiers nazi devant Spirit prisonnier ? Mystère et boule de gomme. Cela a-t-il d'ailleurs un sens ou ne sert-il qu'à faire genre ?

Et au bout du compte, quoi ? On a tenté l'expérience de poser des mots en forme de commentaire du film, et ça nous mène où. Pas beaucoup plus loin semble-t-il. Mais Tonton Sylvain, dans son inébranlable foi en l'homme qu'il ne peut accepter de voir gaspiller son temps et son énergie en oeuvres inutiles, ne peut toujours pas se résoudre à ranger le film dans l'immense placard à oubli sans lui donner au moins la chance qu'une intelligence extérieure vienne en décrypter le contenu. Si une telle intelligence existe, qu'elle n'hésite pas ici à venir à notre secours.

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