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15 septembre 2009

World's greatest dad

Comédis-moi tout

A nouveau un film en compétition au Festival du Film Américain de Deauville 2009. La récolte continue dans le cinéma indépendant qui aurait eu peu de chance de s'exprimer au sein des grands studios. Ce coup-ci, c'est au tour d'un dénommé Bobcat Goldthwait de présenter son « World's greatest dad ».

Affiche USA (movieposterdb.com)

Lance Clayton (Robin Williams) est un petit professeur de poésie dans un collège qui a un peu de mal à assumer l'échec de sa vocation d'écrivain dont les manuscrits lui sont systématiquement renvoyés. Il vit seul avec son fils Kyle (Daryl Sabara), un ado du type odieux casse-pieds véhément et indécrottable. Il a une relation discrète avec Claire (Alexie Gilmore), belle jeune femme professeur d'art du collège. De son côté, Kyle n'a qu'un seul copain, un gamin plutôt sympa dont on se demande ce qui peut bien le lier à cet obsédé quérulent de Kyle qui rejette toutes les tentatives d'approche de son père comme de quiconque.

Mais les choses changent subitement, quand Kyle trouve la mort lors d'un jeu sexuel solitaire. Lorsque son père le découvre, outre la douleur, Lance perçoit l'indignité de la situation et décide de maquiller l'accident en suicide. Il va jusqu'à rédiger une lettre d'adieu dans le genre qu'aurait pu écrire son fils. Pour une obscure raison, l'émotion gagne le collège, les enseignants comme les élèves, qui passent d'un rejet de Kyle à un souvenir ému, variant de la culpabilité à l'identification. Le psychologue appelé en renfort, le Dr Pentola (Tony V.), voit même dans la lettre de Kyle un moyen de sauver d'autres élèves d'un geste comparable. A force d'insistance, il parvient à soutirer à Lance le journal de Kyle pour compléter sa compréhension et sa stratégie d'aide aux élèves. Naturellement, ce crétin de Kyle n'a jamais aligné plus de trois mots, et c'est un faux que rédige son père qui est remis au psychologue. Mais ce faux a tant de succès qu'il est même publié, son aura conduisant Lance dans un talk show télévisé réputé et renforçant sa relation avec Claire qui commençait à battre de l'aile. Le collège va jusqu'à envisager de baptiser la bibliothèque de l'établissement du nom de Kyle.

Traité sur un ton de comédie, le sujet fondamental de toute cette histoire tourne autour de la frustration, de la reconnaissance, de l'acceptation de ses limites … Qu'est-ce que je raconte ? ! C'est un vaste n'importe quoi burlesque fait de caricatures juxtaposées. Les personnages sont caricaturaux jusqu'à l'absurde. Kyle est un ado en difficulté en permanence en quête de ses limites ? Non, c'est un petit con, comme on disait dans mon enfance quand on voulait dire qu'il n'y a vraiment rien à en tirer si ce n'est des ennuis, et qu'il ne vaut même plus l'effort qu'on pourrait faire pour l'en sortir, à imaginer qu'on en aie encore envie. Claire est une jolie jeune femme qui croit en la bonté et à toute une série de bons sentiments ? Non, c'est une cruche qui prend toute phrase au pied de la lettre. Le Dr Pentola est un psychologue à l'écoute des enfants ? Non, c'est un héros évangéliste qui veut sauver le monde même si le monde n'est pas en danger. And so on.

Non, d'ailleurs, pas tout à fait. Juste trois personnages ne sont pas dans la caricature extrême : Lance, le copain de Kyle, et dans une moindre mesure la vieille voisine de Lance. Du coup, par contraste, le minimum de complexité de leur capacité de penser et de se comporter les fait apparaître comme naviguant sur des sommets philosophico-psychologiques où l'ambivalence n'a rien d'un gros mot, où le doute n'est pas une maladie, où la gentillesse n'est pas une niaiserie.

Choix évident de mise en scène, ressort d'un comique du premier degré, Qui fonctionne par moments, il faut bien l'avouer. Pourquoi pas, après tout, il y a aussi des clients pour ça.

Mais que diable vient faire alors cette dernière scène d'un Lance qui se défait de tous ses vêtements si ce ne sont ses chaussettes avant de plonger dans la piscine du lycée dans une espèce d'extase libératrice après l'aveu de son forfait ? La brève image de Robin Williams à poil manquait peut-être au tableau complet du cahier des charges de ce qui doit faire un film réussi ? Allons donc ! Une scène un peu moins premier degré que l'ensemble du film, histoire de faire penser qu'on en avait sous le pied et que si on a vu le film à ce niveau c'est qu'on n'a plus qu'à le revoir pour y déceler des arguments plus profonds qu'il n'y paraît ? Admettons, mais je n'ai pas vraiment le courage de m'y recoller, même s'il y a sans conteste quelques bons moments. Alors si une bonne âme, au sortir de la projection, avait la bonté de revenir m'éclairer …

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