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11 octobre 2008

Just this once

Un intermède salutaire

Nouvel épisode dans le cycle Janet Leigh. On ne se lasse pas des bonnes choses. Il y a encore peu, j'aurais simplement cru me tromper à la lecture de son nom en pensant qu'on me parlait de Vivien Leigh, la Scarlett d' « Autant en emporte le vent ». Mais que nenni, que diantre ! Il existe bien une Janet. De même que dans la famille Jackson, si vous dites Germaine en pensant à la soeurette, vous vous plantez complètement : il y a aussi une Janet, et de toute façon Germaine est un frère. Sauf que dans le cas des Leigh, il n'y a aucun lien de parenté … je crois que je commence à me faire des nœuds, là, non ?


(Photo tcmcinema.fr)

Quoi qu'il en soit, notre petite Janet Leigh a commis en 1952 une participation dans une comédie gentillette répondant au doux nom de « Just this once », et a ainsi permis d'enrichir, quelques dizaines d'années plus tard, le cycle qui lui est consacré. Ce que c'est que le destin, tout de même ! Sous la direction de Don Weis, un obscur réalisateur qui aura davantage marqué l'histoire par sa carrière pour de multiples séries TV que pour son œuvre sur grand écran, Janet Leigh se frotte alors à Peter Lawford, Lewis Stone, et Richard Anderson.

L'histoire en douze secondes et demie. Mark MacLene (Peter Lawford), quatrième du nom, est un jeune héritier milliardaire et oisif, si dépensier qu'il court à la ruine. Heureusement, une partie de son héritage est sous la garde d'un ami de la famille, le Juge Samuel Coulter (Lewis Stone), qui décide de faire nommer un curateur à Mark afin de limiter ses excès. Lors d'une audience d'un procès qu'il préside, il est confronté à une jeune et jolie avocate, Lucille 'Lucy' Duncan (Janet Leigh), manifestement très à cheval sur les questions d'argent, à qui il propose la fonction. Lucy entreprend de serrer les cordons de la bourse de Mark et se met en devoir de lui enseigner les vertus de la frugalité.

Mark ne l'entend évidemment pas de cette oreille et, en l'absence de subside à la hauteur de son mode de vie habituel, décide de s'imposer chez Lucy au motif de sa responsabilité de tuteur. Les deux jeunes gens ne manquant pas de charme, la confrontation initiale laisse progressivement naître un sentiment entre eux, dont pâti naturellement Tom Winters (Richard Anderson), le fiancé de Lucy. Evidemment, ce sentiment n'empêche pas Mark de se lancer dans quelques coups pendables pour adoucir la rigueur budgétaire imposée par Lucy.

Bon, avouons-le tout de go, il n'y a pas Sean Penn ! Du coup, et malgré la meilleure volonté de Tonton Sylvain qui m'avait donné le tuyau, on a bien du mal à trouver la portée universelle du message politique sous-jacent. Pour autant, sort-on de là avec l'angoisse chevillée au corps d'avoir trahi la cause et d'avoir perdu son temps en images inutiles ? Fichtre non ! Car il s'agit d'une pochade, certes, d'une galéjade sans prétention. Mais la vie doit-elle se remplir des seules occasions de penser le monde, ses tristesses, et les moyens de les surmonter ? Sûrement pas ! Une sourire, même un rire, ne sont sûrement pas les symptômes de la vacuité d'un quelconque propos. Et même dans ce cas, faut-il réellement s'en vouloir de ne pas être sur le front de la révolte politique 24 heures sur 24 ? De fait, « Just this once » ne cherche pas à brandir la moindre banderole, le moindre calicot, sans pour autant générer la moindre culpabilité. Bien au contraire : qu'il peut être doux de simplement prêter le flanc à un simple divertissement, surtout lorsqu'il est bien fait.

De par le fait, le film est un bon exemple de ce que le cinéma des studios savait divertir, tout simplement. Foin de toute crédibilité. La mise en scène est de bout en bout simple mais dynamique. Les acteurs donnent de leurs personnes dans une énergie joyeuse communicative. Les rares effets spéciaux se limitent à l'incrustation devant un écran faisant défiler des images d'un ailleurs où la scène est supposée se dérouler. Rien n'oblige à y croire, et d'ailleurs on n'y croit pas, mais on s'en rend compte au premier coup d'œil et … on s'en fiche complètement.

Pour le fond, on repassera un autre jour. La place des femmes dans la société et plus particulièrement dans le monde du travail, la séparation entre l'efficacité professionnelle et la vie affective, le rapport à l'argent comme un moyen dérisoire ou comme une fin en soit, l'utilisation de l'argent comme un outil au quotidien ou comme un levier pour faire bouger le monde, l'ambivalence des sentiments, le jugement des autres et leur ingérence dans l'autonomie que l'on pense avoir dans ses choix personnels, … on pourrait gloser sur nombre de sujets qui sont abordés ici comme en surface, comme on glisse sur un lac gelé sans se préoccuper de savoir ce qui se trouve dans ses profondeurs : les choses sont ainsi et il faut bien faire avec elles telles qu'elles sont. Le monde des personnages est ainsi, et il suffit pour eux de se dépatouiller à son contact, de glisser sur lui vers leurs fins propres. C'est d'ailleurs tout le ressort de la comédie. --- Fin de ma minute intello ---

Il reste de tout cela une douce pochade sans prétention autre que de rafraîchir et de propager la bonne humeur. Et, rien que pour cela, et pour la nostalgie du noir et blanc, la durée de la projection est un intermède salutaire.

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