Psychothérapie obligatoire
Je sais, je suis indécrottable, mais quand j'entends « dessin animé », je pense Walt Disney et Tex Avery. Un effet de génération peut-être. Je peux faire un effort d'imagination jusqu'à Miyasaki, mais c'est bien mon maximum. Alors quand j'ai vu que « Idiots and angels », de Bill Plympton, de chez Plymptoons comme on pouvait s'y attendre, passait au Festival de Deauville, je me suis retrouvé dans la cour de récré, une baignade en pleine enfance. Et c'est le cœur en effervescence, les mirettes déjà prêtes à s'imprégner d'une dose de féerie, que je me suis installé dans la salle de projection, plus ouvert au charme à venir qu'une jeune mariée au soir de ses noces.
L'histoire raconte l'aventure d'un individu initialement assez antipathique, solitaire dans une maison pathétique, dont la seule distraction au sortir du travail est d'aller prendre un verre au comptoir d'un bouge désert et de tarabuster la femme du patron qui s'occupe à faire le ménage dans la salle. Les jours se suivent à l'identique dans la même absence d'intérêt quand soudain se mettent à lui pousser dans le dos les ailes d'un ange. La première réaction de l'animal est de tenter de s'en débarrasser, d'abord seul, puis avec l'aide d'un médecin qui de son côté voit dans ce cas inhabituel l'occasion d'une notoriété profitable, voire même la possibilité de prélever les ailes de l'individu pour se les greffer sur lui-même. Ne pouvant espérer d'aide de ce côté, l'individu se résout à cacher les ailes sous ses vêtements et à conserver son train-train habituel. Mais le pot aux roses est vite découvert par le patron de son rade habituel, ce qui suscite chez lui d'abord la moquerie, puis le rejet, et enfin la convoitise. Parallèlement, l'individu commence à mieux maîtriser ses nouveaux attributs et à en apprécier non seulement les nouvelles capacités qui l'accompagnent mais aussi le changement qu'ils opèrent dans son comportement de plus en plus tourné vers la bienveillance. La lutte s'engage ainsi entre l'homme-ange et le monde hostile et envieux dans lequel il évolue. Et on n'a alors raconté qu'environ le premier tiers d'un film qui va de rebondissement en rebondissement.
Pour qui est resté attaché aux dessins animés de son enfance, et qui ne s'habituent pas à parler de film d'animation comme on dit technicienne de surface pour femme de ménage, on est évidemment loin du compte. Le style est volontairement griffonné, les couleurs sont affadies, comme produites au crayon de couleur plutôt qu'au pinceau. On passe plus volontiers sur l'absence de dialogue, remplacé par une musique permanente, parfois chantée, assez réussie.
L'animation a un parti pris de fluidité, remplaçant ce qui serait des effets spéciaux de cinéma en fondu-enchaîné ou en changement de repères par des glissements de sujet à l'occasion de ce qui se présente comme un mouvement zoom avant - zoom arrière. Tout ça donne une impression générale d'originalité au total pas forcément désagréable. Côté scénario, la transition est rude avec Blanche Neige. Si on est dans le symbolique, c'est un symbolisme qui s'autorise tous les rapprochements avec la réalité la plus crue. Contrairement à la mode ancienne où la violence était suggérée par des allégories en apparence légère, le symbolisme serait presque inversé aujourd'hui, la violence et la turpitude ne se refusant aucune outrance afin d'en suggérer le niveau quotidien auquel la plupart d'entre nous est habitué. Reste l'histoire, qui tourne autour de thèmes finalement assez classiques : le combat entre le bien et le mal, la pente naturelle vers le mal et la difficulté de passer dans le camp du bien, l'envie, la jalousie, la concupiscence.
Un film pas inoubliable, donc, dont on pourrait simplement se hasarder à proposer une seule interdiction aux moins de 45 ans ayant moins de 5 ans de psychothérapie derrière eux.
Je sais, je suis indécrottable, mais quand j'entends « dessin animé », je pense Walt Disney et Tex Avery. Un effet de génération peut-être. Je peux faire un effort d'imagination jusqu'à Miyasaki, mais c'est bien mon maximum. Alors quand j'ai vu que « Idiots and angels », de Bill Plympton, de chez Plymptoons comme on pouvait s'y attendre, passait au Festival de Deauville, je me suis retrouvé dans la cour de récré, une baignade en pleine enfance. Et c'est le cœur en effervescence, les mirettes déjà prêtes à s'imprégner d'une dose de féerie, que je me suis installé dans la salle de projection, plus ouvert au charme à venir qu'une jeune mariée au soir de ses noces.
L'histoire raconte l'aventure d'un individu initialement assez antipathique, solitaire dans une maison pathétique, dont la seule distraction au sortir du travail est d'aller prendre un verre au comptoir d'un bouge désert et de tarabuster la femme du patron qui s'occupe à faire le ménage dans la salle. Les jours se suivent à l'identique dans la même absence d'intérêt quand soudain se mettent à lui pousser dans le dos les ailes d'un ange. La première réaction de l'animal est de tenter de s'en débarrasser, d'abord seul, puis avec l'aide d'un médecin qui de son côté voit dans ce cas inhabituel l'occasion d'une notoriété profitable, voire même la possibilité de prélever les ailes de l'individu pour se les greffer sur lui-même. Ne pouvant espérer d'aide de ce côté, l'individu se résout à cacher les ailes sous ses vêtements et à conserver son train-train habituel. Mais le pot aux roses est vite découvert par le patron de son rade habituel, ce qui suscite chez lui d'abord la moquerie, puis le rejet, et enfin la convoitise. Parallèlement, l'individu commence à mieux maîtriser ses nouveaux attributs et à en apprécier non seulement les nouvelles capacités qui l'accompagnent mais aussi le changement qu'ils opèrent dans son comportement de plus en plus tourné vers la bienveillance. La lutte s'engage ainsi entre l'homme-ange et le monde hostile et envieux dans lequel il évolue. Et on n'a alors raconté qu'environ le premier tiers d'un film qui va de rebondissement en rebondissement.
Pour qui est resté attaché aux dessins animés de son enfance, et qui ne s'habituent pas à parler de film d'animation comme on dit technicienne de surface pour femme de ménage, on est évidemment loin du compte. Le style est volontairement griffonné, les couleurs sont affadies, comme produites au crayon de couleur plutôt qu'au pinceau. On passe plus volontiers sur l'absence de dialogue, remplacé par une musique permanente, parfois chantée, assez réussie.
L'animation a un parti pris de fluidité, remplaçant ce qui serait des effets spéciaux de cinéma en fondu-enchaîné ou en changement de repères par des glissements de sujet à l'occasion de ce qui se présente comme un mouvement zoom avant - zoom arrière. Tout ça donne une impression générale d'originalité au total pas forcément désagréable. Côté scénario, la transition est rude avec Blanche Neige. Si on est dans le symbolique, c'est un symbolisme qui s'autorise tous les rapprochements avec la réalité la plus crue. Contrairement à la mode ancienne où la violence était suggérée par des allégories en apparence légère, le symbolisme serait presque inversé aujourd'hui, la violence et la turpitude ne se refusant aucune outrance afin d'en suggérer le niveau quotidien auquel la plupart d'entre nous est habitué. Reste l'histoire, qui tourne autour de thèmes finalement assez classiques : le combat entre le bien et le mal, la pente naturelle vers le mal et la difficulté de passer dans le camp du bien, l'envie, la jalousie, la concupiscence.
Un film pas inoubliable, donc, dont on pourrait simplement se hasarder à proposer une seule interdiction aux moins de 45 ans ayant moins de 5 ans de psychothérapie derrière eux.
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