Excès de grimage
Pour une fois, il y avait le choix : Wallace et Gromit, Les Noces Funèbres, Quatre Frères et un Enterrement … Et puis me voilà nez à nez avec l’affiche des Frères Grimm. « Ca, c’est pour toi », qu’elle me dit ma petite voix qui vient du dedans. « Tu crois ? » que je lui réponds. « Ben tiens ! Qu’est-ce que tu veux de plus ? Si t’attends le prochain épisode de Star Wars, t’en as pour un moment ! Alors en attendant, c’est peut-être ce qui s’en rapproche le plus. » qu’elle rajoute. « Ah bon, ben comme tu veux alors. Je te fais confiance. In God we trust, qu’ils disent là-bas. » « T’es gentil, mais si tu commences à me prendre pour Dieu, on n’est pas sorti d’affaire … » Et nous voilà partis pour une nouvelle aventure.
Dans l’Allemagne du début du siècle (le 18ème, faut-il le préciser ?), deux frères, Wilhelm (Matt Damon) et Jacob Grimm (Heath Ledger), gagnent leur vie en inventant des histoires à dormir debout qu’ils racontent dans les tavernes pour se faire payer leurs bières et leur pitance. Ils commencent à se tailler une certaine réputation, jusque dans l’état-major des troupes napoléoniennes d’occupation. Mais le général local, l’odieux Delatombe (Jonathan Pryce), éminence-grisé par Cavaldi (Peter Stormare), un italien retors, a un peu tendance à prendre au pied de la lettre les vantardises des deux frangins. Face à des phénomènes troublant l’ordre qu’il est chargé de maintenir dans un petit village isolé et boueux, il décide d’exploiter les capacités dont se vantent les deux compères en les expédiant manu militari et chaperonnés par le sombre italien pour rétablir le situation. Là, sous un ciel sinistre, en bordure d’une noire et profonde forêt, survit un piètre village apeuré devant la multiplication des disparitions d’enfants. D’un abord méfiant, les villageois finissent par croire en les capacités des deux frères à faire cesser le sort maléfique. Seul dans le bourg à néanmoins accepter de les guider et de leur prêter main forte, un coureur des bois s’avère vite être en fait une coureuse des bois, Angelika (Lena Headey), dont la petite sœur fait partie des enfants disparus. Et voilà l’équipe s’enfonçant dans la forêt enchantée, se retrouvant à affronter mille pièges et mille sortilèges. Au passage, on reconnaît des fragments de nombre de contes de notre enfance qui forment comme un jeu de piste tout au long de la quête des voyageurs. Jusqu’à une sorcière matinée de Reine au Miroir et de Belle au bois dormant (Monica Bellucci).
De l’esprit complexe et décalé de Terry Gilliam, un illustre ancien de Monty Python, il fallait bien s’attendre à une fresque particulière de cette aventure mêlant les auteurs historiques de tous ces contes à leur production fantasmagorique. La tendance au burlesque et au chargé n’a pas quitté le réalisateur depuis le Flying Circus et Brazil. Curieux mélange d’ailleurs que l’association de cet esprit étonnant, dont l’aspect « cheap » des productions des Monty Python s’accordait avec l’esprit des films, et de la note manifestement « Europe de l’Est » des « Frères Grimm », visible au premier coup d’œil et confirmée par l’origine américano-tchèque de la production et de l’équipe du film, tant au niveau technique qu’à celui de nombre des rôles secondaires. Je suis peut-être un peu trop accro au cinéma américain, mais y’a pas à dire, dès qu’on voit apparaître la moindre once d’Europe de l’est, ça saute aux yeux comme un pétard mouillé : il y a un je-ne-sais-quoi d’immédiatement reconnaissable, dans le genre réaliste qui fait faux. Pour les malheureux qui s’étaient laissés piéger par « Vercingétorix », pas besoin d’en dire plus. On aime ou pas, mais c’est comme ça. Et en plus, l’impression est contagieuse, au point que pendant toute la projection, et malgré une vague impression de déjà vu, j’ai bien cru que Jacob Grimm était incarné par un acteur du cru, jusqu’au générique qui m’a enfin appris qu’il s’agissait d’un acteur australien. Le problème est que lorsqu’on n’accroche pas, le côté magique de l’histoire s’enfuit à tire d’ailes et qu’on a bien du mal à décoller de son siège et de l’observation distante de l’écran plutôt que de celle de l’exercice qui y est projeté.
Matt Damon fait ce qu’il peut dans ce tableau, mais, quels que soient ses mérites, le côté poupon de son visage n’aide pas à rendre plus crédible le résultat. Peter Stormare et Jonathan Pryce se coulent tellement dans le burlesque imposé que cela en renforce le contraste avec l’ascétisme du tchéquisme ambiant. Monica Bellucci, autre hameçon du casting, laissera sur leur faim les adeptes de sa plastique renommée tant sa prestation est brève et parasitée de grimages et d’effets numériques la rendant le plus souvent méconnaissable. Pour finir de passer pour un bourru impénitent, je dois avouer une certaine indifférence à l’esthétique de la dame. Heureusement qu’il y a Lena Headey pour sauver cet aspect des choses. Evidemment, ce n’est pas le sujet du film, mais au moins une respiration de ce côté permet de tenir jusqu’à la fin de la projection.
Que dire de plus ? Peut-être que peu de temps après, et dans un genre proche, Nanny MacPhee m’a happé sur le même trottoir et que le décollage s’est enfin produit. Comme quoi, je ne suis pas toujours aussi bougon …
Pour une fois, il y avait le choix : Wallace et Gromit, Les Noces Funèbres, Quatre Frères et un Enterrement … Et puis me voilà nez à nez avec l’affiche des Frères Grimm. « Ca, c’est pour toi », qu’elle me dit ma petite voix qui vient du dedans. « Tu crois ? » que je lui réponds. « Ben tiens ! Qu’est-ce que tu veux de plus ? Si t’attends le prochain épisode de Star Wars, t’en as pour un moment ! Alors en attendant, c’est peut-être ce qui s’en rapproche le plus. » qu’elle rajoute. « Ah bon, ben comme tu veux alors. Je te fais confiance. In God we trust, qu’ils disent là-bas. » « T’es gentil, mais si tu commences à me prendre pour Dieu, on n’est pas sorti d’affaire … » Et nous voilà partis pour une nouvelle aventure.
Dans l’Allemagne du début du siècle (le 18ème, faut-il le préciser ?), deux frères, Wilhelm (Matt Damon) et Jacob Grimm (Heath Ledger), gagnent leur vie en inventant des histoires à dormir debout qu’ils racontent dans les tavernes pour se faire payer leurs bières et leur pitance. Ils commencent à se tailler une certaine réputation, jusque dans l’état-major des troupes napoléoniennes d’occupation. Mais le général local, l’odieux Delatombe (Jonathan Pryce), éminence-grisé par Cavaldi (Peter Stormare), un italien retors, a un peu tendance à prendre au pied de la lettre les vantardises des deux frangins. Face à des phénomènes troublant l’ordre qu’il est chargé de maintenir dans un petit village isolé et boueux, il décide d’exploiter les capacités dont se vantent les deux compères en les expédiant manu militari et chaperonnés par le sombre italien pour rétablir le situation. Là, sous un ciel sinistre, en bordure d’une noire et profonde forêt, survit un piètre village apeuré devant la multiplication des disparitions d’enfants. D’un abord méfiant, les villageois finissent par croire en les capacités des deux frères à faire cesser le sort maléfique. Seul dans le bourg à néanmoins accepter de les guider et de leur prêter main forte, un coureur des bois s’avère vite être en fait une coureuse des bois, Angelika (Lena Headey), dont la petite sœur fait partie des enfants disparus. Et voilà l’équipe s’enfonçant dans la forêt enchantée, se retrouvant à affronter mille pièges et mille sortilèges. Au passage, on reconnaît des fragments de nombre de contes de notre enfance qui forment comme un jeu de piste tout au long de la quête des voyageurs. Jusqu’à une sorcière matinée de Reine au Miroir et de Belle au bois dormant (Monica Bellucci).
De l’esprit complexe et décalé de Terry Gilliam, un illustre ancien de Monty Python, il fallait bien s’attendre à une fresque particulière de cette aventure mêlant les auteurs historiques de tous ces contes à leur production fantasmagorique. La tendance au burlesque et au chargé n’a pas quitté le réalisateur depuis le Flying Circus et Brazil. Curieux mélange d’ailleurs que l’association de cet esprit étonnant, dont l’aspect « cheap » des productions des Monty Python s’accordait avec l’esprit des films, et de la note manifestement « Europe de l’Est » des « Frères Grimm », visible au premier coup d’œil et confirmée par l’origine américano-tchèque de la production et de l’équipe du film, tant au niveau technique qu’à celui de nombre des rôles secondaires. Je suis peut-être un peu trop accro au cinéma américain, mais y’a pas à dire, dès qu’on voit apparaître la moindre once d’Europe de l’est, ça saute aux yeux comme un pétard mouillé : il y a un je-ne-sais-quoi d’immédiatement reconnaissable, dans le genre réaliste qui fait faux. Pour les malheureux qui s’étaient laissés piéger par « Vercingétorix », pas besoin d’en dire plus. On aime ou pas, mais c’est comme ça. Et en plus, l’impression est contagieuse, au point que pendant toute la projection, et malgré une vague impression de déjà vu, j’ai bien cru que Jacob Grimm était incarné par un acteur du cru, jusqu’au générique qui m’a enfin appris qu’il s’agissait d’un acteur australien. Le problème est que lorsqu’on n’accroche pas, le côté magique de l’histoire s’enfuit à tire d’ailes et qu’on a bien du mal à décoller de son siège et de l’observation distante de l’écran plutôt que de celle de l’exercice qui y est projeté.
Matt Damon fait ce qu’il peut dans ce tableau, mais, quels que soient ses mérites, le côté poupon de son visage n’aide pas à rendre plus crédible le résultat. Peter Stormare et Jonathan Pryce se coulent tellement dans le burlesque imposé que cela en renforce le contraste avec l’ascétisme du tchéquisme ambiant. Monica Bellucci, autre hameçon du casting, laissera sur leur faim les adeptes de sa plastique renommée tant sa prestation est brève et parasitée de grimages et d’effets numériques la rendant le plus souvent méconnaissable. Pour finir de passer pour un bourru impénitent, je dois avouer une certaine indifférence à l’esthétique de la dame. Heureusement qu’il y a Lena Headey pour sauver cet aspect des choses. Evidemment, ce n’est pas le sujet du film, mais au moins une respiration de ce côté permet de tenir jusqu’à la fin de la projection.
Que dire de plus ? Peut-être que peu de temps après, et dans un genre proche, Nanny MacPhee m’a happé sur le même trottoir et que le décollage s’est enfin produit. Comme quoi, je ne suis pas toujours aussi bougon …
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