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20 septembre 2008

All God's children can dance

Et dire que dehors il faisait beau ...

« Ah, t'en veux de l'indépendant et de l'intello, mon gars ?! Eh ben, en v'là ! Comme ça tu diras plus qu't'es v'nu pour rien … ». C'est ça qu'ils m'ont répondu, les vaches, au Festival de Deauville, quand ils ont vu ce que j'avais écrit sur « Hellboy II ». Et puis ils m'ont poussé dans la salle et ils ont fermé la porte en rigolant. Juste au moment où commençait le générique d'« All God's Children can dance », de Robert Logevall, adapté d'une nouvelle de Haruki Murakami.

Affiche USA (movieposterdb.com)


C'est l'histoire de Kengo (Jason Lew), le fils d'une mère seule d'origine coréenne, Evelyn (Joan Chen), dans le Koreatown de Los Angeles, qui est élevé dans le mythe enfantin qu'il est un « enfant de Dieu » faute de lui dire qui est son véritable père. En grandissant entre sa mère et Glen (Tzi Ma), un ami également d'origine coréenne, qui lui sert à la fois de père et d'employeur, Kengo supporte de moins en moins le mystère sur l'identité de son père, obsession qui retentit sur son comportement et sur ses relations avec Sandra (Sonja Kinski), sa petite amie. A force de tarabuster Evelyn, il finit par obtenir quelques indices sur son géniteur. Lorqu'un jour, par hasard, il croise un inconnu qui porte un signe distinctif confié par sa mère, Kengo ne peut s'empêcher de le suivre toute la journée. A son retour, il a un tout autre regard, comme s'il avait subitement grandi et était enfin entré dans l'âge adulte.

Il n'est pas certain que ce petit résumé rende effectivement justice au film. On pourrait imaginer quelques aventures picaresques dans un Koreatown exotique, une filature policioïde dans les rues de Los Angeles, une liaison mouvementée et animée entre un Kengo obsessionnel monomaniaque et une Sandra jouant au choix les mouches opiniâtres d'un coche déboussolé ou les égéries tenaces d'une quête d'identité acharnée … Et on aurait bien tort. Tout est dans le sobre, le sobrement douloureux, le sobrement amusant. Tout le monde est gentiment compréhensif, calmement inquiet, tranquillement interrogatif ou soucieux. On traficote dans la quête identitaire et les états d'âme sans plus d'expression qu'un intérêt qui se déplace d'un sujet à l'autre dans la journée de Kengo en fonction de ses humeurs. On installe la quête d'identité sur quelques détails anatomiques plus ou moins graveleux supposés détendre une atmosphère qu'on n'avait d'ailleurs pas senti se tendre. Non, pour rendre justice à l'ambiance du film, le résumé aurait dû trouver le chemin d'une platitude aux dénivelés à peine évoquée par quelques graviers.

Et si le sommeil n'est pas venu durant toute la durée de la projection, c'est bien parce que c'était le premier film de la journée et qu'on restait d'une minute à la suivante suspendu à l'espoir qu'il se passe enfin quelque chose, soutenu par l'interrogation grandissante sur la finalité du film. Alors autant s'en tenir là, sans chercher plus avant à détailler la mise en scène, la lumière, le cadrage, le jeu des acteurs, … autant de sujets intéressants quand ils sont au service d'une histoire, mais qui perdent soudainement de leur sens quand ils moulinent autour de pas grand chose.

Et dire que pendant ce temps-là, dehors, il faisait beau, et que moi j'étais coincé dedans. Avec l'été pourri qu'on a eu, c'était bien ma veine ! Rigolez, vous autres, derrière la porte …

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