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22 septembre 2008

La chevauchée fantastique (Stagecoach)

A lire avec diligence

Un soir tranquille, sans rien d'urgent sur le feu, sans actualité brûlante à rester scotché sur LCI. Et si que je me faisais une petite cure de western. Ca fait un moment que je n'ai pas revu les grands espaces ... Y'a quoi en rayon ? Ben c'est pas ça qui manque dans le placard à DVD ! Lequel alors ? Restons simple et classique. Un John Wayne pour se remettre le pied à l'étrier ... Bingo. La Chevauchée fantastique. Ou bien L'Homme qui tua Liberty Valance. Ou bien La Chevauchée fantastique ... J'hésite. Et puis zut, au diable l'avarice. Demain c'est dimanche, alors y'a qu'à faire les deux. Par lequel je commence ? Am Stram Gram ... Tope là ! Chevauchons d'abord. En voiture, et "Roulez petits bolides ! " ...

*** L'histoire ***

Dans la petite ville de Tonto arrive en même temps la diligence en chemin pour Lordsburg et la nouvelle d'un soulèvement apache mené par Géronimo. Le télégraphe est coupé juste pendant la transmission de la nouvelle.

La ligue de vertu de la ville, qui ne connaît pas encore la nouvelle, est en train d'éjecter Josiah Boone (Thomas Mitchell), médecin de son état à l'ivrognerie grandiloquente , et Dallas (Claire Trevor), une fille "de mauvaise vie" à l'humanité accrochée en bandoulière. Direction l'arrêt de diligence, avec un petit stop au bistro pour Boone qui s'entiche de suite de Peacock (Donald Meek), un placier en whisky qui doit prendre la même voiture. Une passagère enceinte, Lucy Mallory (Louise Platt) qui vient de Virginie pour retrouver son mari officier de la garnison locale de cavalerie, apprend qu'il vient juste de partir pour Lordsburg à la poursuite de Géronimo et décide de poursuivre sa route. La belle et ses belles manières hautaines tape dans l'oeil d'Hatfield (John Carradine), un dandy pilier de tripot qui décide d'accompagner la Dame qu'on ne peut décidément pas laisser voyager en si facheuse compagnie. Buck (Andy Devine), le grand dadet naïf et joufflu de conducteur de la diligence apprend au sheriff Curly Wilcox (George Bancroft) l'évasion de Ringo Kid (John Wayne), l'enfant prodigue du coin, fils d'un copain d'un tas de monde du patelin, sheriff compris, emprisonné sur une odieuse manoeuvre menée par les frères Plummer, trois gredins assassins de son père et de son frère que Ringo s'est promis de venger. Curly décide de se joindre à la diligence pour récupérer Ringo avant qu'il n'aggrave son cas, et risque de se faire occire par les Plummer qui se sont justement établis à Lordsburg. Tout le monde en voiture, et la diligence s'élance, juste après avoir appris les dangers du voyage par une escouade de cavalerie qui a ordre de l'accompagner sur une partie du trajet, en prenant en chemin Gatewood (Berton Churchill), le banquier local qui se carapate en douce avec la caisse de la banque dans sa mallette. Ringo dont le cheval a est tombé en panne fait justement du stop sur le bord de la route et est embarqué dans la diligence séance tenante, dûment menotté par le paternel Curly.

Le huis clos de la diligence est propice à ce que les caractères se précisent, simplement interrompu par les haltes aux relais où se greffent ponctuellement les interventions des tenanciers au huis clos qui se poursuit dans un autre décor.

De rebondissements en rebondissements, Mme Mallory accouche en route, Ringo s'éprend de Dallas, Géronimo attaque la diligence qui est sauvée par la cavalerie. La voiture arrive enfin à destination, et les frères Plummer se mettent en devoir d'occire Ringo qui s'est mis de son côté à leur recherche en profitant de la bonté du sheriff.

*** Le reste ***

Ce qui est bien avec les westerns d'époque, c'est qu'on sait ou on va. On veut des grands espaces ? Y'en a. On veut des méchants qui soient vraiment méchants et des gentils qui soient vraiment gentils ? Y'en a. On veut des bons sentiments ? Y'en a. On veut du rythme ? Y'en a. On veut tout ça en même temps ? Y'a qu'à se baisser pour ramasser.

Et pourtant ça marche. La faute à qui ? Si je savais ... John Wayne passe de pause en pause, plus au point pour un roman photo que pour des scènes qui bougent. Mais bon, c'est John Wayne, c'est comme ça, ça ne se discute pas. Est-ce qu'on discute la Tour de Pise parce qu'elle serait un peu penchée ? John Caradine/Hatfield, Louise Platt /Mrs Mallory, et les frères Plummer ne sont pas encore sortis du jeu théâtral qui sentait bon le cinéma muet. Claire Trevor/Dallas en fait aussi des tonnes par moments. Certains seconds rôles sont plus naturels, voire à tomber. Thomas Mitchell est un vrai bonheur en Docteur Boone à l'ivrognerie en panache, consolatrice et imprégnée d'humanité. Donald Meek /Peacock est le pendant de Boone, l'humanité honnête et généreuse sans le détour par l'alcool qu'il se contente de distribuer sans jamais avoir besoin d'y succomber. Ses faiblesses sont ailleurs : petite souris chétive qui va se cacher dans son trou quand ça barde autour. Andy Devine/Buck ne fait pas dans la dentelle, mais comment résister à ce grand ballot gaffeur.

Ce tyran de John Ford parvient avec tout ça à basculer sans cesse entre les deux sources de l'histoire, celle de l'épique voyage de diligence en milieu hostile et celle de Boule de Suif de Maupassant. Du grand art ! Les scènes d'attaque indienne sont un brin kitsch (on voit les traces des pneus de la voiture qui porte la caméra sur le sable du désert ; la diligence est hérissée des flèches reçues d'une armée d'indiens dont aucun n'a d'autre arme qu'une lance ou un fusil) ... et alors ? Charme désuet de la réalisation d'époque !

Et quand tombe le générique de fin, on se dit "Pourquoi ?", "Pourquoi qu'on n'en fait plus des comme ça ?"

Et puis un blanc pour redescendre sur terre, ... et pour se dire qu'on ne peut pas aller se coucher sans se coller une piqûre de rappel avec L'Homme qui tua Liberty Valance.

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