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20 septembre 2008

La vie devant ses yeux (The life before her eyes)

Onirique, ni personne d'autre ...

Décidément, le Festival de Deauville 2008, tourne pour l'essentiel autour de l'enfance. Après la pédophilie, la torture, la découverte plus ou moins interdite de la sexualité, on a droit aujourd'hui à : quelles conséquences à l'âge adulte quand on subit un drame pendant l'enfance ? Tout dans la gaîté et la légèreté. Ouf, on respire. On a failli avoir : j'ai eu une enfance sympa et je me sens bien. On l'a échappé belle ! Je suis prêt à parier que le sélectionneur officiel a passé une année financièrement difficile et qu'il n'a plus depuis quelque temps de quoi payer son psy. Peut-être une petite collecte rendrait-elle le sourire à ce pauvre homme, et lui fournirait le moyen d'être de moins méchante humeur l'année prochaine. A vot' bon cœur …

Quoi qu'il en soit, pour aujourd'hui, c'est « La vie devant ses yeux » (« The life before her eyes »), de Vadim Perelman.

Diana (Evan Rachel Wood) et sa copine Maureen (Eva Amurri) sont adolescentes dans une petite ville de banlieue du Connecticut. Elles ont des histoires d'adolescentes plutôt ordinaires, à base de turbulences variables, d'apprentissage des relations avec les garçons, de soumission ou de révolte devant l'autorité parentale. Bien qu'amies, elles ont des caractères différents : Diana, plutôt rebelle, Maureen plutôt sage et pieuse. Tout cela est bien ordinaire jusqu'à ce que survienne, dans leur école, une fusillade par un élève qui a décidé de descendre tout le monde.

Le film déroule en parallèle l'histoire de Diana devenue adulte (Uma Thurman), restée dans la même ville, et mère d'une petite fille, Emma (Gabriele Brennan). Cette partie de l'histoire se déroule quinze ans plus tard, à l'approche et jusqu'à la cérémonie de commémoration de la fusillade, période douloureuse pour Diana.

Tout au long du film, les deux volets de l'histoire se font écho, la période actuelle étant linéaire, la période ancienne étant plus erratique, voire sujette à répétitions.

Avant toute chose, si le choix et la qualité des acteurs sont intéressants, sans vraie fausse note, il faut bien avouer qu'Uma Thurman sort du lot et le survole allègrement. Si en plus on est sensible à l'esthétique de la dame et au genre distant mais pas trop à la Garbo ou à la Marlene Dietrich, c'est un vrai bonheur de la regarder évoluer, indépendamment de l'histoire elle-même.

Car l'histoire n'est pas bien compliquée, et même si elle réserve une pseudo-surprise pour la fin, on n'est tout de même pas dans l'analyse psychologique surdétaillée. Le sujet n'est pas d'étudier les ressorts de la violence appliquée aux tueries dans les écoles ou les universités américaines. On n'est ni dans « Bowling for Columbine » ni dans « Elephant ». On voit bien les évènements décrits ont laissé des cicatrices encore ouvertes malgré le temps. On voit bien le mélange de douleur et de culpabilité, justifiée ou non. On voit bien la recopie des schémas de l'enfance dans les détails de la vie d'adulte. On voit bien la fragilité des cicatrices et leur aptitude à se rouvrir au moindre heurt. Certes. Mais pas grand-chose d'inattendu là-dedans.

Pas non plus grand-chose à attendre d'une réalisation qui mêle les plans classiques à des tentatives d'originalité qu'on a vues cent fois. A titre d'exemple, les scènes de piscine qui pouvaient surprendre dans les années 70 ont largement perdu du charme qu'il était de bon ton de leur trouver. Il y a bien ce choix d'un découpage flottant dans la partie de jeunesse, idée intéressante qui apporte effectivement, conformément à l'objectif du réalisateur pour rendre l'effet qu'il avait ressenti en lisant le livre dont le scénario est adapté, une certaine impression onirique. Mais on est encore pas dans l'innovation du siècle.

Finalement, dans la série des diverses agressions et douleurs qui assaillent la malheureuse jeunesse objet de l'attention générale, « La vie devant ses yeux » s'est trouvé une petite niche et un angle qui n'avaient été que partiellement développés. Quant au traitement, pas de quoi se relever la nuit, si ce n'est pour un petit regard sur Uma Thurman, et puis bonne nuit .
(Egalement publié sur Cinemaniac.fr)

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